Haut-Rhin : Laure Werckman à l'honneur aux Scènes d'Automne

Du 7 au 15 octobre prochain, la 13ème édition du festival Scènes d'Automne en Alsace met à l'honneur le travail d'une artiste alsacienne, Laure Werckmann et sa compagnie Lucie Warrant. Les spectacteurs sont invités à voyager entre Mulhouse, Saint-Louis, Illzach et Colmar pour découvrir sa tétralogie qui défend une vision plurielle de la féminité. 

Cette édition marque l'évolution du festival vers une nouvelle identité visuelle et communicationelle, fruit d'un travail collectif de toutes les maisons partenaires. La collaboration avec l'illustratice mulhousienne Fanny Delqué témoigne de cette dynamique commune qui caractérise le festival. "L'idée, c'est toujours la même : se réunir, unir nos forces en résidence, en programmation, pour porter haut, collectivement, un geste artistique", explique Matthieu Cruciani, directeur de la Comédie de Colmar et metteur en scène.

Laure Werckmann présente sa tétralogie "Les héroïnes de la métamorphose", quatre spectacles indépendants qui se répondent dans leur désir commun de mettre en lumière des "paroles libres et puissantes". "J'aime", "Renaître", "Croire aux fauves" et "l'Amour" dressent des portraits de femmes extraordinaires, toutes liées par un fil conducteur essentiel : ce sont des héroïnes, mais elles ne meurent pas. "Je sentais qu'il manquait quelque chose. Des rôles lus variés, plus étendus, plus féminins. Toutes ces femmes, quand elles faisaient preuve d'une grande audace, elles mourraient à la fin et ça me coupait l'herbe sous le pied, comme interprète et comme spectatrice", confie la metteuse en scène.


Quatre femmes, quatre univers 

Chaque spectacle explore un univers différent, mêlant disciplines artisiques et approches naratives. La psychanalyse, l'anthropologie, le sport de haut niveau et l'histoire se croisent à travers des récits de métamorphose, où chaque héroïne traverse l'épreuve sans en mourir. 

"Renaître" raconte l'histoire d'une sportive de haut niveau qui ne vivait que pour le tennis, avant de tomber dans une relation d'emprise amoureuse. Ayant perdu plus de 35 kilos et frôlé la mort, elle remonte la pente en retrouvant force et élan dans son enfance. "Une femme qui retrouve toute sa puissance vitale après une chute qui a failli lui être fatale", décrit Laure Werckmann. "J'aime" mêle trois langues narratives différentes, dont celle de Nane Beauregard qui déploie tout son amour en une seule phrase de 80 pages, sans ponctuation, explorant comment l'amour perdure et se transforme avec le temps. "Croire aux fauves" naît d'une expérience singulière : l'artiste a été mordue par un ours et en fait un objet littéraire, questionnant les frontières entre sauvage et civilisé à travers différents types de langues : récits, journal intime ou note d'anthropologue. "Une femme qui travaille sa réparation pour empoigner le monde avec une conscience élargie", résume la metteuse en scène. Enfin, "L'amour après" interroge l'amour après un corps victime de la Shoah, explorant les possibilités de reconstruction et de renaissance après un traumatisme historique. 

Laure Werckmann apporte des précisions sur son travail artistique et la mise en oeuvre de cette tétralogie. 

Les interviews sont également à retrouver sur les plateformes Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Podcast Addict ou encore Amazon Music.

La multiplicité comme force

Cette approche révèle la vision personnelle de Laure Werckmann sur l'identité féminine : "Cette mobilité dans l'identité, c'est ça qui m'intéressait. Je me rendais compte que moi-même j'étais beaucoup de choses, pas qu'une seule chose à la fois." Mère, amante, directrice de compagnie, actrice, metteuse en scène : pour elle, ces différentes facettes se nourrissent mutuellement plutôt que de s'annuler. "Plus je viellis, plus je découvre cette joie qu'une chose nourrit l'autre", ajoute-t-elle. Pour le public, cette tétralogie offrira une expérience unique. Il pourra découvrir une diversité de parcours et de passions. "Il y en a une qui est vraiment amoureuse, l'autre qui parle des ours...voir toute cette étendue, cette multiplicité, ça donne de l'espoir", explique l'actrice. "Il n'y a pas une manière d'être femme, pas une manière d'être homme, il n'y a pas une manière d'être au monde", ajoute-t-elle, portant un message d'espoir et de liberté qui traverse toute sa création artistique. 

Deux autres spectacles seront également proposés au public. Le premier, "l'Amie" de la Soupe Compagnie, sera à découvrir au Théâtre La Coupole à Saint-Louis. Une chambre, une rencontre surprenante, puis l'envol : un enfant disparaît dans les serres d'une étrange chauve-souris nocturne. L'aventure commence, direction l'ailleurs absolu. Avec L'Amie, les spectateurs plongent dans le songe d'un enfant, univers où le fantastique se mue en aire de jeux et où l'ivresse de l'exploration chasse les terreurs nocturnes.

Le deuxième spectacle, proposé par la compagnie Roland Furieux, sera quant à lui à découvrir à la Filature à Mulhouse. "Sauve qui peut (la révolution)" invite le public à suivre deux révolutionnaires, deux révolutions : celle de Jean-Luc Godard qui ambitionne de réaliser un film sur la Révolution française, s'entremêlant avec celle de Danton et ses camarades en 1789. Une traversée sensorielle et politique, non sans humour, où la création devient geste révolutionnaire. 

L'ensemble de la programmation des Scènes d'Automne est à retrouver ici.

Propos recueillis par Anaïs Follenius / © Crédit photo : Adrien Berthet